Nina Cobham: “Je ne suis pas faite pour ne pas être passionnée”
Crédit : Isaac Oliver Robinson
En ce début de mois d’août, le ciel gris prédomine à Manchester. Dans son appartemment, la chanteuse anglaise esquisse un sourire narquois au moment d’évoquer ses envies d’ailleurs. Si “la sortie s’est très bien passée” pour son album, se réjouit Nina Cobham lors d’un appel en visio, la jeune artiste “aurait bien aimé” pu prendre des vacances. “La pluie, la tempête s'est abattue. Il fait tellement gris dehors, et je compte les jours qui me séparent de mes vacances. Je veux partir dans un endroit ensoleillé, ailleurs qu'ici.” En 2023, alors que l’idée d’un premier album n’a pas encore émergé, elle s’envole pour les États-Unis pour plusieurs semaines de création musicale, où elle rejoint notamment Oscar Scheller, Frankie Scoca et Jack Laboz, un trio de producteurs qui l’ont accompagné dans la création de son univers alt-pop garni de synthés et douces mélodies guitare-voix. Là-bas, “tout s’est mis en place très facilement”, retrace-t-elle. Dans un premier temps, “Soft Place to Land” lui apparaît comme le nom conquis pour son album. Le morceau éponyme “résumait bien l’ambiance générale”. Puis est arrivé “Pinky Promise”, permettant au disque de trouver sa forme et son fil conducteur. Un fil tendu entre deux langues, l’anglais natal et l’espagnol de son enfance, deux façons de dire l’attachement. Dans ses chansons, les promesses s’attachent au corps, les émotions tiennent sans trembler. Et cet album raconte exactement cela : comment tenir bon dans une relation et ce que cette résilience amène. Le disque s’inscrit comme une promesse tenue après des mois de construction patiente, d’écritures traversées par la mémoire, les promesses et la peur de la perte de l’autre.
Depuis 2021, tu travailles avec un cercle restreint de producteurs. Pour ce premier album, ils sont crédités sur presque tous les morceaux. Comment s’est passée cette collaboration ?
J'ai commencé à travailler avec eux en 2020, donc je les connais depuis cinq ans maintenant et nous avons évolué ensemble. Ils me comprennent vraiment. Chacun a sa manière de faire. Frankie (Scoca) compose pendant que je lui fais des retours en direct. Ensuite, j'écris toutes les paroles et les mélodies, puis nous enregistrons. Avec Jack (Laboz), j'ai tendance à préparer à l’avance des compositions, généralement ce sont des chansons que j'ai écrites chez moi, soit au clavier, soit à la guitare. Avec Oscar (Scheller), tout est possible. Soit j'apporte une chanson et on travaille dessus, soit on a une idée précise, que ce soit un riff de guitare ou une idée de synthé, puis on la développe et j'écris les paroles. Changer de méthode selon les sessions, ça m’aide à rester créative. Je n’ai pas l’impression de m’en remettre aux autres, mais plutôt d’ouvrir de nouvelles portes.
Pour les morceaux présents sur l’album, as-tu plutôt été à l’initiative ?
Surtout les morceaux axés sur la guitare, comme “LOML” ou “March”. Je les ai écrits chez moi avant d’aller au studio. Pour les autres… c’est difficile à expliquer. On s’assoit, on lance une idée, et parfois, ça prend. D’autres fois, on passe la journée sans trouver quoi que ce soit de convaincant. Et puis, il y a ce moment où une idée surgit, rare, précieuse. À mes débuts, j’écrivais seule dans ma chambre. J’avais du mal à collaborer. Ma relation avec ces personnes m’a aidée à m’ouvrir à d’autres façons de travailler.
Il y a une boucle émotionnelle qui traverse l'album, entre les promesses, les doutes et les lieux familiers et cette idée semble se refléter dans la musique également, en particulier avec les textures synthétiques récurrentes et les couches ambiantes. Était-ce un parallèle conscient pour vous ?
C’est venu assez naturellement, on s’est fait la réflexion après coup que toutes ces chansons s’accordent très bien. Lorsque nous composions ces morceaux, on s’amusait simplement en ajoutant des éléments qui me ressemblent. Les synthés, c’est tout à fait moi. Certains sons viennent de mon Logic, d’autres ont été trouvés en studio, parfois les gars me disent : “J’ai trouvé un synthé qui sonne exactement comme toi.” On était comme dans une bulle quand nous étions là-bas. Le voyage a duré six semaines et on était tous dans le même univers, dans les mêmes recherches de sonorités alors que si j’avais écrit ces morceaux au fil des années, ils auraient probablement eu des thèmes différents. Par rapport aux sujets évoqués, c’était également assez naturel. L’album parle beaucoup de confiance, de doutes, de manque. J’ai amené mon amoureux avec moi lors de voyage aux États-Unis donc chaque moment était un rappel constant de l’amour. On se dispute, on résout le problème et on a confiance en nous pour le surpasser.
Tu as sorti pas mal de singles ces dernières années, mais ils ne figurent pas sur l’album. Comment as-tu sélectionné les chansons qui ont finalement été retenues ?
Je voulais créer quelque chose de nouveau, que ce soit un nouveau départ. Je pense que celle que j'aurais aimé inclure aurait été “Interested”. C'est toujours ma chanson préférée parmi celles que j'ai sorties, mais je n'ai aucun contrôle dessus donc je ne pouvais pas le faire. Les discussions ont été difficiles concernant l'inclusion d'autres singles, mais je suis assez têtue. Je ne voulais pas revenir en arrière.
Une chanson qui m'a particulièrement marqué est « LOML ». Peux-tu me raconter l'histoire derrière ce morceau ?
C’est probablement ma préférée aussi. On me dit souvent que je devrais écrire plus de chansons lentes comme celle-là. À l’époque, j’étais à Londres, chez le tonton de mon copain. Il discutait avec lui pendant que j’étais couchée, et à un moment, il est entré dans la chambre pour me raconter une histoire. Son oncle lui avait parlé de son colocataire, qui avait laissé partir l’amour de sa vie à peu près à notre âge. Il disait qu’il avait passé le reste de sa vie à chercher cet amour, sans réussir retrouver ce sentiment. Ça m’a marquée. Cette idée que si tu ne prends pas soin de certaines choses, tu risques de passer ta vie à les regretter. En rentrant à Manchester, on en a reparlé. Il était assis sur le rebord de ma fenêtre, au troisième étage, pieds dans le vide. Il m’a demandé : “Ça te fait peur ?” J’ai dit oui. Il m’a répondu : “Et si tu me perdais ? Tu écrirais des chansons sur moi toute ta vie, non ?” Et j’ai répondu : “Probablement. Je crois que tu es l’amour de ma vie.” C’était un sentiment mutuel, ce qui est très précieux. “LOML”, c’est une façon de me rappeler ce que j’ai à perdre. C’est inspiré de ce colocataire, un genre d’avertissement vivant. Ce n’est pas juste une chanson triste, c’est peut-être la plus romantique que j’ai jamais écrite. Et la plus vulnérable aussi. Je ne l'aurais pas sortie il y a cinq ans, car j'aurais pensé qu'elle était beaucoup trop vulnérable pour être dite ou montrée à qui que ce soit. À un moment donné, mon cerveau a fait tilt et je me suis dit : “Je vais littéralement mourir un jour. Je ne suis pas faite pour ne pas être passionnée, je suis faite pour dire tout ce que je ressens.” Cette pratique de la vulnérabilité, de l'ouverture et de la douceur, tout en sachant aussi que d'autres personnes vont probablement plus s'y identifier parce qu'elles ressentent probablement la même chose pour quelqu'un et ne se sentent pas capables de le dire.
« Aujourd’hui, tout est remplaçable. Tout semble jetable. Mais dire à quelqu’un : non, je reste, c’est l’acte le plus intime qui soit. »
Quand j’ai lu que certaines critiques qualifiaient l’album de joyeux, j’ai été surpris. Surtout en pensant à cette chanson.
Moi aussi. Je me dis que certaines critiques viennent de gens qui n’écoutent pas vraiment les paroles. Par exemple, “March”, c’est une chanson sur le besoin de partir, mais uniquement si la personne que j’aime vient avec moi. C’est triste, en fait. Au début de cette relation, j’étais dans un schéma d’attachement anxieux. Et à travers cette insécurité, j’ai fini par arriver à un endroit plus sûr, à cette idée de “Pinky Promise”, de confiance. Mais c’est vrai que beaucoup de chansons sont traversées par une forme de chagrin préventif. Cette peur douce de perdre quelque chose de trop précieux. Alors oui, l’album est lumineux, parfois même solaire. Mais si tu écoutes bien, il y a toujours une tension entre joie et perte.
Cet équilibre entre romance et perte, c’est vraiment ce que l’album dégage. Je me demandais, s’il y avait une promesse, une en particulier, qui te tient le plus à cœur ?
Je pense à la promesse que deux personnes se font quand elles disent : “On va traverser ça ensemble.” Aujourd’hui, tout est remplaçable. Tout semble jetable. Mais dire à quelqu’un : non, je reste, c’est l’acte le plus intime qui soit. Pour moi, c’est même plus fort qu’un mariage. Parce que pour beaucoup de gens, le mariage correspond à une forme d’institution, de théâtralisation, alors que promettre à quelqu'un que vous allez le rencontrer là où il se trouve, surmonter tout ce qui se présente et passer outre les émotions qu'il ressent, je trouve que c'est plus intime. C'est intime parce que les gens changent tellement. Si tu restes avec la même personne de tes jeunes années jusqu’à tes 80 ans, tu vas probablement voir environ 70 versions différentes de cette même personnes. Et c’est ça, le cœur de la promesse : choisir de comprendre, de rester curieux, de faire l’effort. Que ce soit en amour ou en amitié, c’est ce que je cherche. La clé de la vie, ce sont les relations à long terme qui vous font réaliser que tout le monde n'est pas remplaçable. Ma relation était tellement solide au moment où je sortais cet album que je me suis dit : “Waouh, cette personne m'a vu dans mes pires moments. J'ai vu cette personne dans ses pires moments, et pourtant nous avons continué à avancer.” Et en fait, c'est en continuant à avancer que l'on trouve la vulnérabilité et la connexion que l'on recherche. Ce n'est pas au début, quand tout est excitant. Mais après, quand tu traverses les saisons avec quelqu’un et que tu décides de continuer. Et ça vaut pour la musique aussi. J’ai commencé à 15, 16 ans, et aujourd’hui c’est mon métier. C’est une promesse que je me suis faite. Alors, quand d’autres personnes me font des promesses aussi, ça a du poids. C’est précieux.
On a un point commun qui est le fait d’avoir beaucoup déménagé durant notre enfance. Je me demandais ainsi si, aujourd’hui, tu as un lieu dans lequel tu te sens particulièrement inspirée créativement.
Sans aucun doute en Espagne. Si quelque chose d'important se produit dans ma vie, je me dis : “Bon, je dois y retourner. Je dois y aller et m'y asseoir.” La plupart de mes souvenirs d'enfance s'y trouvent. Et je me sens très ancrée au bord de la mer de toute façon. C'est là que j'ai tendance à m'enfuir pour écrire, généralement seule pendant quelques semaines. La dernière fois que j’y suis retournée, c’était pour mon EP “Middle of Nowhere”. C'est vraiment libérateur de passer du temps seul avec sa créativité, sans aucune distraction. Il n'y a personne pour vous parler. Il faut juste s'asseoir et c'est inconfortable. Et c'est justement ce sentiment d'inconfort, mais dans un endroit où l'on se sent le plus soi-même, qui créé quelque chose de vraiment beau.
La première fois que j’ai entendu un de tes morceaux, c’était à la sortie de l’EP “what colour does this feel like?” et le morceau "por razones sentimentales”. Quand j’étais plus jeune, j’ai traversé une sorte de petite crise d’identité parce que j’ai passé tellement d’étés chez ma grand-mère dans le sud de l’Espagne que j’étais persuadé d’avoir la nationalité, sans savoir ni parler la langue, ni beaucoup connaître de la culture même si je faisais des recherches dessus. Alors quand je suis tombé sur ce morceau, j’ai ressenti une pointe de satisfaction en pensant à ma grand-mère. Avant de commencer à écrire dans deux langues, avais-tu déjà une idée de la façon dont tu voulais que les deux langues cohabitent dans ta musique, non seulement sur le plan sonore, mais aussi sur le plan émotionnel ?
J’ai commencé à poster sur SoundCloud quand j’avais 15 ou 16 ans, et je ne chantais qu’en anglais. Mais moi aussi, j’ai traversé une crise d’identité en revenant d’Espagne. J’ai grandi là-bas, je m’y sens chez moi, mais je ne suis pas espagnole “de sang”. Je m’y sentais chez moi mais je ne savais pas comment l’intégrer dans ma vie. Je me souviens d’un voyage en 2018 ou 2019 pour rendre visite à ma famille. Deux femmes que je considère comme mes tantes m’ont dit en rigolant : “Tu n’écris jamais de chansons pour ta famille espagnole, c’est toujours pour ta famille anglaise.” Et j’ai réalisé qu’elles avaient raison. Il y a des gens là-bas qui m’ont vue grandir, mais qui ne comprennent pas tout ce que je chante. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à écrire en espagnol. J’ai sorti “Este Año Pero”, je leur ai envoyé, et elles m’ont répondu : “Enfin.” Ça m’a permis de dire des choses que je n’aurais peut-être pas dites en anglais. Il y avait un côté secret, intime. Un espace où je pouvais être vulnérable sans que tout le monde comprenne forcément. Et quelque part, ça m’a libérée. Je pense que c'est la raison pour laquelle je peux aujourd'hui me montrer aussi vulnérable dans les deux langues dans ma musique. Ce n’était pas une décision stratégique. C’est venu naturellement, une fois que j’ai accepté que cette langue faisait partie de moi. Et aujourd’hui, le spanglish coule de source. Mon cerveau fait les transitions sans que j’aie besoin d’y penser. Les rimes, les sonorités, les images, tout s’aligne.
On retrouve de subtiles influences de la musique hispanique dans tes productions, je pense à “March” notamment. As-tu envie d’explorer la musique espagnole plus en profondeur à l’avenir ?
Oui, clairement. J'adore la musique espagnole, donc je veux vraiment m'y intéresser davantage. La Bossa m’influence totalement, du rythme de la guitare à celui de la batterie. C'est donc cette fusion qui donne naissance à cette pop alternative avec une petite touche espagnole, mais qui reste plutôt mainstream. Mais j'ai vraiment envie de le faire, même si ce n'est qu'une guitare flamenco en fond sonore. J'écoute beaucoup de musique espagnole, donc je pense que je dois juste m'y plonger davantage.
Vous avez souvent utilisé des peintures ou des visuels abstraits pour vos pochettes, comme Interested, Mañana ou What Colour Does This Feel. Mais c'est la première fois que nous vous voyons aussi clairement et directement sur la pochette. Qu’a représenté cette étape ?
Cest un vrai changement. J'ai beaucoup plus confiance en moi depuis quelques temps. J’avais commencé à sortir de la musique à 18 ans, avec Sola, et je préférais me cacher derrière des visuels abstraits. Au fur et à mesure j’ai pris confiance en ma musique, en moi, et je me suis dit qu’il était plus important d’être au premier plan désormais plutôt que d'être cette personne timide qui veut des peintures ou de l'art abstrait. Cet album est tellement personnel, vulnérable. Je ne pouvais plus me contenter d’images floues ou de peintures : il fallait que je sois là, pleinement. Ces photos sont d’autant plus spéciales qu’elles ont été prises par mon partenaire. Il me voit d'une manière que d'autres photographes ne voient pas. C'est plus chaleureux, et je crois que ça se sent dans l’image. Au lieu de regarder cet appareil photo et de ne pas connaître cette personne, c'est comme si je voyais cette personne que j'aime à travers. C’est aussi ce qui m’a poussée à apparaître davantage dans mes clips. À sortir de ma zone de confort. Parce qu’en vérité, la musique est un reflet direct de qui je suis. Alors pourquoi me cacher ?
« La La Land est, pour moi, un film d’horreur »
Dans un post sur TikTok, tu revenais sur l’important de Pinterest pour visualiser tes chansons. Comment ce processus de référence visuelle influence-t-il le son ou l'ambiance de ta musique ?
Chaque chanson a son propre moodboard. Je suis très visuelle — j’ai besoin de voir ce que j’entends. Quand nous avons commencé à travailler sur Better in Person, au début, il n'y avait que les synthés et le rythme. On n’avait encore que les synthés et le rythme. Et j’ai immédiatement pensé à une balade en voiture, la nuit. C’est comme ça que je travaille : j’entends un son et une image, un moment de la journée, une saison ou une lumière particulière me viennent. Dès que la session était terminée, je suis rentrée et j’ai créé un tableau Pinterest pour capturer cette ambiance. C’est aussi pour ça que je suis si impliquée et exigeante dans mes clips. Ils prolongent cette image mentale que j’ai de chaque morceau. Je ne pourrais pas faire autrement. J’ai besoin de voir pour créer. Je suis une fan inconditionnelle de Pinterest.
Ça va peut-être paraître cliché, mais je me demandais si certaines séries ou films, je pense notamment à une série comme Normal People, t’avaient aidée à mieux comprendre ta propre vulnérabilité, notamment dans ton écriture.
Normal People m’a littéralement détruite. Je ne peux même plus regarder cette série. Elle me hante. Comme Fleabag, d’ailleurs. Ce genre de séries me reste dans la peau. Mais c’est vrai que je regarde énormément de comédies romantiques, et je pense que ça m’influence beaucoup. Parfois, ce sont moins les dialogues que les concepts qui me touchent, comme La La Land. Pour moi, c’est un film d’horreur en réalité. Même si cet album-là est très autobiographique, il m’arrive de partir d’un concept de comédie romantique — le fait de ne pas obtenir la personne qu’on veut, ou de la retrouver bien plus tard. 10 Things I Hate About You ou The Notebook, ces oeuvres sont des objets de recherche. Au lieu de me plonger dans ces situations moi-même, je les regarde, je les ressens, je prends des notes. Mais je ne sais pas si je pourrais écrire une chanson inspirée directement de Normal People. C’est trop intense. Trop proche. Je ne supporterais pas d’écouter l’enregistrement, vraiment. Ça me tuerait.
Pour finir sur une note plus gaïe, j’ai adoré le fait que la dernière ligne de l’album, sur le morceau “Es De Verdad (Keep it Going)” soit une invitation vers l’avenir.
Je tenais à ce que cette chanson conclue l’album. Je ne voulais pas finir sur quelque chose de triste ou de trop mélancolique. Je voulais clore avec une sensation d’ouverture, d’élan, qui invite à rester. On ne l'entend pas vraiment dans le mix, mais à la fin, j'ai en fait enregistré cette chanson en partie dans mon appartement, en partie à New York et en partie chez le père de mon copain. Il y a un tout petit moment, presque imperceptible, où il entre dans la pièce et je ris. Et ce rire, je voulais absolument qu’il reste dans le morceau. Toute la chanson parle de cette envie de jouer, mais aussi de rester, une invitation à prolonger quelque chose de précieux. Comme si tu savais que cette personne, c’était la personne. Je voulais aussi le sortir uniquement en été. Je voulais donc que cela laisse une note positive et ouverte à tous ceux qui l'écoutent. Donc oui, c'était une décision délibérée. Je suis toujours très attentive à la liste des titres, j’ai même aidé Oscar pour son dernier album là-dessus. J’adore penser les enchaînements comme une narration, surtout sur un support physique d’ailleurs. Sur vinyle, tu peux le retourner, recommencer du début et ça fait sens. On part de l’euphorie, on plonge dans la profondeur (March, LOML), et on revient vers la lumière. C’est circulaire.
Propos recueillis par Arthus Vaillant